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La folie des longueurs

Préparez bien votre calendrier 2019

De plus en plus de coureurs se dirigent (trop ?) rapidement vers les longues distances.

Comment savoir si l’on ne se lance pas trop tôt dans de tels défis ?

Quel entrainement suivre ? Tentative de réponse

« Si tu veux courir, cours un kilomètre, si tu veux changer ta vie, cours un marathon » .

La phrase d’Emil Zatopek est désormais connue de nombreux runners et s’affiche dans de nombreuses publication de groupes dédiés à la course à pied sur les réseaux sociaux. Mais l’époque où l’athlète tchécoslovaque a prononcé ces mots est révolue et courir 42,195 km ne représente quasi plus le défi ultime.

Dans une société où tout va plus vite, où il faut être au top en permanence et surtout meilleur que son voisin, tout le monde veut repousser ses limites. L’ultra-trail, l’exploit ultime d’aujourd’hui, pour les nouveaux coureurs risque bien de devenir l’étape intermédiaire vers bien plus encore à moyen terme. Seulement, n’est pas Kylian Jornet ou François D’Haene qui veut et surtout tout le monde n’évolue pas au même rythme. Alors faut-il choisir une progression patiente dans son évolution sportive ou directement aller au bout de son envie ?

Nous avons évoqué le sujet avec Isabelle Dumont, coach sportif et en développement personnel.

L’équilibre est la clé

« Il n  y a pas d 'ascenseur vers le succè s'il n'y a que des escaliers », explique-t-elle. « Il faut procéder par étapes, ne pas vouloir aller trop vite. Le surentraînement peut avoir des conséquences fâcheuses physique comme une blessure et peut aller aussi jusquau « burn-out », qui consiste en l’épuisement de toutes ses batteries physiques, émotionnelles et mentales à force de surpasser ses limites physiques et psychiques. », poursuit notre interlocutrice.

Chaque individu est évidemment différent. Nous ne commençons pas la course aux mêmes âges et nos capacités physiologiques et mentales sont très différentes. Pour arriver à accumuler les kilomètres, il faut bien sûr s’entraîner dur mais aussi « respecter une bonne balance entre les périodes dentrainement et périodes de récupération. », explique notre coach sportif.

« Tout le monde n'a notamment pas la même résistance physique, émotionnelle et mentale au stress et à la pression. Si l’on brûle les étapes, la pression peut devenir trop importante et plus en plus difficile à gérer avec le risque de finir par perdre pied. », poursuit Isabelle Dumont.

Savoir écouter son corps

Et c’est là que le sportif doit savoir prendre du recul et écouter les signaux d’alarme que son corps et son mental lui envoient afin d’éviter le « burn-out ». La société Française de Médecine du Sport (SFMS) a d’ailleurs rédigé un questionnaire de détection du surentraînement en trois parties afin d’aider les sportifs à déceler éventuellement le problème.

« Il faut aussi prendre en compte des périodes de stress que l'on peut vivre dans son quotidien en dehors du spor  et qui peuvent affecter l’énergie du sportif »  précise la coach Isabelle Dumont. « Apprendre à mieux se connaître pour mieux gérer son sport, sa course, ses émotions, son énergie, tout ça s’apprend, et il y a des clés à découvrir en soi qui vont amener le sportif à mieux s ’auto-gérer. » , conclut-elle.

Chacun son rythme, chacun ses besoins

Car si l’exemple vient des élites pour certains amateurs, il convient alors de regarder leurs entraînements. Les données publiées par François D’Haene et Jim Walmsley la semaine précédent l’UTMB 2017 étaient radicalement différentes. Là où le français avait limité ses kilomètres, l’Américain les avait accumulés, sans doute pour se rassurer avant le choc des titans. Sa défaillance combinée à la démonstration de François montrent bien que de savoir quand on est prêt pour un grand objectif, de ne pas trop en faire et de connaître ses forces et ses faiblesses est un exercice périlleux et propre à chacun d’entre nous.

Il n’est pas interdit d’aller rapidement vers un ultra-trail si l’envie est là, mais il faut savoir faire son propre examen de conscience, apprendre à se connaître et garder un équilibre personnel et sportif afin que la quête du rêve ne tourne pas au cauchemar.

F.Chl.